Greffe de Cornée : Tout Savoir sur Cette Intervention Chirurgicale Réparatrice

Ian Claes

Qu’est-ce qu’une greffe de cornée ?

La greffe de cornée, aussi appelée kératoplastie, est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer tout ou partie de la cornée malade par une cornée saine provenant d’un donneur. La cornée est la fine membrane transparente située à l’avant de l’œil. Elle joue un rôle essentiel dans la vision, en permettant la transmission et la mise au point de la lumière vers la rétine.

Quand cette membrane est endommagée par une maladie, une infection, un traumatisme ou une déformation, la greffe devient souvent le seul recours pour restaurer une vision nette et fonctionnelle.

Pourquoi subir une greffe de cornée ?

Plusieurs affections peuvent altérer la cornée au point de nécessiter une greffe :

1. Kératocône

Maladie dégénérative qui déforme la cornée en forme de cône, entraînant une vision floue ou déformée.

2. Cicatrices cornéennes

Elles peuvent résulter d’infections (comme l’herpès oculaire), de blessures ou de brûlures chimiques.

3. Dystrophies cornéennes

Il s’agit de maladies héréditaires affectant la structure de la cornée, comme la dystrophie de Fuchs.

4. Œdème cornéen

Une cornée gonflée, souvent après une chirurgie oculaire, peut devenir opaque et douloureuse.

5. Échec d’une précédente greffe

Dans certains cas, une greffe antérieure peut être rejetée ou s’altérer avec le temps.

Les types de greffes de cornée

Il existe plusieurs techniques de greffes selon la profondeur de l’atteinte cornéenne :

Greffe de cornée transfixiante (kératoplastie pénétrante)

Cette méthode consiste à remplacer toute l’épaisseur de la cornée. Elle est utilisée dans les cas les plus graves, comme les kératocônes avancés ou les cicatrices profondes.

Greffe lamellaire antérieure (DALK)

Seule la partie avant de la cornée est remplacée, ce qui préserve les cellules endothéliales du patient. Elle offre moins de risques de rejet.

Greffe lamellaire postérieure (DSEK / DMEK)

Elle remplace uniquement la couche interne (endothélium), utile en cas de dystrophie de Fuchs ou d’œdème cornéen.

Comment se déroule l’intervention ?

Avant la greffe

Une évaluation complète est réalisée par un ophtalmologiste : examens de la cornée, mesure de la vision, bilan de santé. Une compatibilité tissulaire n’est pas obligatoire, car la cornée est faiblement vascularisée, ce qui réduit les risques de rejet.

Pendant l’opération

L’intervention dure environ 30 minutes à 2 heures, sous anesthésie locale ou générale selon le cas. Le chirurgien enlève la partie altérée de la cornée et la remplace par le greffon, fixé à l’aide de fils très fins ou par une bulle d’air (pour les DMEK).

Après la greffe

Une surveillance étroite est indispensable. Des collyres anti-inflammatoires et immunosuppresseurs sont prescrits. La récupération visuelle peut prendre plusieurs mois. Le suivi régulier est crucial pour détecter les signes de rejet ou d’infection.

Quels sont les risques et complications ?

Comme toute opération, la greffe de cornée comporte certains risques :

  • Rejet du greffon : dans 10 à 20 % des cas, surtout dans les greffes transfixiantes.
  • Infection : le greffon étant un tissu étranger, il est vulnérable aux agents pathogènes.
  • Astigmatisme : une vision irrégulière peut persister, nécessitant des lunettes ou des lentilles rigides.
  • Désunion de la greffe : rare mais possible en cas de choc ou de mauvaise cicatrisation.
  • Opacification secondaire : parfois, le greffon perd progressivement sa transparence.

Un traitement précoce permet souvent de sauver la greffe si un rejet est détecté à temps.

Résultats et pronostic visuel

Les résultats varient selon la pathologie initiale, la technique utilisée et l’état de santé général du patient. En général :

  • 80 % des patients retrouvent une vision améliorée après une greffe bien conduite.
  • La vision optimale peut être atteinte après 6 à 12 mois, une fois les sutures retirées.
  • Les lentilles de contact peuvent être nécessaires pour corriger les défauts résiduels.

Les greffes lamellaires ont montré un taux de réussite supérieur, avec moins de complications.

Don d’organes : d’où vient le greffon ?

Les cornées utilisées en greffe proviennent de banques de tissus, elles-mêmes alimentées par des dons post-mortem. Contrairement aux organes comme le rein ou le foie, le prélèvement cornéen est possible jusqu’à 24 heures après le décès et ne nécessite pas de compatibilité sanguine stricte.

En France, le don est présumé sauf opposition explicite du défunt. Les cornées sont soigneusement testées pour garantir l’absence de maladies transmissibles.

Encourager le don de cornée permet de sauver ou améliorer la vue de milliers de patients chaque année.

Questions fréquentes sur la greffe de cornée

La greffe est-elle douloureuse ?

Non, l’intervention est indolore grâce à l’anesthésie. Un inconfort peut apparaître dans les jours qui suivent, traité par des antalgiques simples.

Peut-on rejeter une cornée comme un organe ?

Oui, bien que le risque soit moindre. Des signes comme une baisse de vision, une douleur ou une rougeur doivent inciter à consulter en urgence.

Combien de temps faut-il pour récupérer ?

La récupération visuelle complète peut prendre de 3 à 12 mois, selon la technique employée.

Peut-on greffer les deux yeux ?

Oui, mais jamais en même temps. Un délai de plusieurs mois est respecté entre les deux interventions pour assurer une récupération suffisante.